La Victoire en chantant Le 8 mai 2025, à Montmorency © Ville de Montmorency Le 8 mai 1945, les armes se sont tues ; le bruit et la fureur, l’enfer sur terre ont cédé la place à la possibilité d’un monde meilleur, centré sur reconstruction et solidarité. Le 8 mai 2025, sur tout le territoire national et à Montmorency en particulier, les 80 ans de la Libération ont été célébrés. En prélude à la cérémonie, une trentaine de jeunes et leurs éducateurs, venant du Renouveau — Maison d’Enfants à Caractère social, ouverte le 1 er juin 1945 pour accueillir des enfants juifs dont les parents avaient été déportés dans les camps de concentration et d’extermination — ont chanté l ’Hymne du Renouveau, soutenus par des choristes du Chœur de la Vallée de Montmorency sous la direction du Chef de Chœur Vincent Bonzom. Ce chant, transmis de génération en génération jusqu’à aujourd’hui, rappelle la situation initiale tragique vécue par les orphelins accueillis en 1945 au Renouveau :« Quand le soleil se lève sur la terre/ et que la vie belle reprend à nouveau, / nous pleurons nos pères et nos mères/ et maudissons sourdement leurs bourreaux. » Le refrain affirme les vertus et attitudes morales sur lesquelles repose encore aujourd’hui le projet du Renouveau, lequel porte bien son nom : « Par l’amitié, l’effort et la peine/ nous combattrons tous ces funestes maux / nous forgerons une vie sereine/ qui sera la grande joie du Renouveau » Le texte a été écrit par Fred Kupferman, enfant de 11 ans, caché pendant la deuxième guerre mondiale pour échapper aux rafles, et devenu plus tard grand historien : il publia notamment en 1987 une biographie remarquable de Laval, chef de gouvernement du régime de Vichy, et acteur de la politique de collaboration. La musique de l’Hymne du Renouveau est celle de la Varsovienne : ce chant polonais écrit en 1893 et repris dès 1905, de l’Europe de l’Est à l’Espagne, est aussi un clin d’œil aux origines de la fondatrice et première directrice du Renouveau ayant gardé toute sa vie son nom de résistante, Madame François. Après les commandements, Philippe Casassus, président de la société d’histoire de Montmorency et de sa région, a rappelé l’histoire exceptionnelle du Renouveau dans un exposé intitulé « Bon anniversaire au Renouveau ! ». On trouvera cette histoire de 80 ans présentée en 16 panneaux sur les grilles du parc de l’Hôtel de Ville à Montmorency, exposition inaugurée le 9 avril 2025. Après le lever des couleurs et la lecture de la lettre d’un soldat par une jeune fille membre du Conseil municipal des jeunes, Maxime Thory, Maire de Montmorency a allumé dans une vasque la flamme du souvenir et de l’hommage, pendant que les jeunes du Renouveau et les choristes du Chœur de la Vallée de Montmorency interprétaient ensemble le Chant des déportés — ou Chant des marais. La musique de ce chant emblématique fut composée en 1933 par Rudi Goguel, résistant allemand communiste, déporté dans le camp de Börgermoor. Les deux compagnons de captivité, Wolfgang Langhoff — acteur, metteur en scène puis directeur de théâtre — et Johann Esser, mineur de la Ruhr écrivirent les paroles bouleversantes du chant. Après la lecture de différents messages, Maxime Thory a prononcé une vibrante allocution : rappelant le courage avec lequel hommes et femmes engagés dans les batailles de la Liberté contre la barbarie et l’idéologie nazie ; nommant les montmorencéens auxquels il a rendu hommage, notamment Roger Levanneur, Paul Arbios, Roger Dupont, ainsi que les quatre femmes résistantes ayant fondé le Renouveau , Association et Etablissement— Madame François, Simone Chaye, Peggy Camplan, Elisabeth Bezançon. Maxime Thory a souligné l’importance du devoir de mémoire, à l’heure où totalitarismes et « prédateurs » font de nouveau peser des menaces tristement connues sur la scène internationale ; il a précisé enfin que les enfants de la Liberté doivent puiser dans le vivier des valeurs défendues et rappelées inlassablement, la force de défendre la vie, la liberté, la démocratie. L’hymne européen a résonné avant le dépôt de gerbes, l’hommage aux Morts en présence du Conseil municipal des Jeunes. La Marseillaise, a été interprétée par les jeunes du Renouveau et par les choristes du Chœur de la Vallée de Montmorency, guidés ensemble par Vincent Bonzom. De l’Hymne national écrit par Rouget de l’Isle, deux couplets, centrés sur la Victoire, l’Amour de la patrie, la Liberté ont été chantés à deux voix, dans un arrangement de Pierre- Gérard Verny. Entre les jeunes du Renouveau qui sont repartis à pied dans leur Maison du 1 avenue Marchand après le verre de l’amitié, et les choristes du Chœur de la Vallée de Montmorency ayant partagé ce temps fort, le courant est passé. Nous nous reverrons. Christine ESCHENBRENNER