CARNET DU CHŒUR
VOIX, FLÛTES, ACCORDÉONS Concerts 2024 Le mercredi 12 juin à BEZONS et le dimanche 16 juin à MONTMORENCY Sous la direction de Vincent BONZOM, le Chœur de la Vallée de Montmorency, accueillant désormais des choristes qui travaillent avec le même Chef de Chœur à l’Ecole Municipale de Musique et de Danse de Bezons, a donné deux concerts originaux. Le travail vocal a été enrichi, éclairé par des interventions instrumentales, pour certaines inattendues, soit en accompagnement du Chœur, soit comme autant de signes de ponctuation correspondant à des univers musicaux très différents. C’est ainsi qu’une fresque sonore variée s’est déroulée, mêlant allègrement musiques profanes et musiques sacrées dans un hommage à la musique elle-même. Ce vibrant kaléidoscope a fait écho aux splendides vitraux de la collégiale Saint-Martin de Montmorency. Les Triolets de Bezons ont ouvert le bal sonore : l’orchestre d’accordéons, dirigé par Martine Deschamps et composé de neuf musiciens, a fait miroiter notes et mondes sans frontières en appui sur ces instruments que d’aucuns ont nommés« pianos à bretelles ». Comment oublier Demian, facteur de piano et d’orgues qui, en 1829, met au point cet instrument atypique, portatif, à soufflet, duquel Chateaubriand dira : « Toute la nuit, je fis jouer le soufflet dont le son emportait pour moi le souvenir du monde. » Plus récemment, Yvette Horner, éminente accordéoniste aux 2000 concerts — « entre le savant et le populaire », selon Béjart—, et professeur à la Schola Cantorum, dépassera la formule à connotation péjorative : accordéon égale piano du pauvre. Du bal musette à Bach, elle traversera codes et frontières. Dans cet esprit, Les Triolets ont interprété la suite 3 en ré majeur de Jean-Sébastien Bach, la Sicilienne d’Alexandre Astier, le Rocking-Chair de Celino Bratti, et le Manha de Carnaval de Luiz Bonfà. D’un même élan ils ont accompagné le chœur dans une interprétation émouvante du Temps du muguet (musique : Soloviov-Sedoï , paroles F. Lemarque) Le Chœur, accompagné par la pianiste Nao Matzda a ensuite entamé un subtil retour en enfance suggéré par Vincent d’Indy (1851-1931), co-fondateur et directeur de la Schola Cantorum, élève de César Franck, musicien notamment défenseur de la musique populaire, ce malgré des zones d’ombre regrettables. Ont donc surgi des mélodies joyeusement revisitées de très impressionniste manière : le Gentil coquelicot a refleuri espièglement, précédant Compère Guilleri partant à la chasse aux perdrix sans craindre les chutes chromatiques. A la pêche des moules s’en sont allées les voix mêlées, ouvrant la voie à un Cadet Rousselle digne des trois petits cochons harmonisés. Les voix ont ensemble changé de continent en rejoignant La Llorona, fantôme de la mère qui pleure ses enfants en Amérique latine mais aussi sans doute aujourd’hui sur d’autres terres déchirées. Dans le sillage, Irish blessing de James Moore a adouci les peines liées aux disparitions. Après un entracte bien mérité, un trio de flûtes traversières, impulsé par Martine Planchot a ravi le public en donnant de manière sensible le deuxième mouvement du concerto N°1 pour flûtes traversières de Vincent Bonzom. Rosalie Dufour, Yasmine Seghour, Alicia Lemaire, ont offert au public, par leurs souffles conjugués, l’image lumineuse d’un monde ouvert. Le Chœur a pris le relais, toujours accompagné de Nao Matzda pour rappeler avec Debussy, sur un poème de Charles d’Orléans « Dieu, qu’il la fait bon regarder » — chantant ainsi l’aspiration à une vie idéale incarnée par la belle désirable du poème. Le chant a frayé le chemin du sublime Calme des nuits de Saint-Saëns, figurant pour le poète et sans doute pour nous, l’importance du recueillement au cœur du tourbillon ambiant. Nouvelle respiration avec une rêverie de Vincent Bonzom pour les trois flûtes traversières des anges bezonnaises. Le Chœur a repris le chemin emblématique de l’Arménie avec le Sareri Hovin Mernem de Grikor Suni (1876-1939) empreint de nostalgie, l’hirondelle dans Guiligya de Yerganian, et Moutn Er d’Aprikian, déjà évoqués et toujours bouleversants. Les flûtes traversières ont à nouveau ouvert leurs ailes et les nôtres pour une interprétation du 3° mouvement du concerto N°1 pour flûtes traversières et cordes. Se retrouvant pour un final scintillant et profond, le Chœur de la Vallée de Montmorency et les Triolets de Bezons se sont unis pour faire renaître en beauté le Cantique de Jean Racine, pièce vocale composée en 1865 par Gabriel Fauré alors âgé de 19 ans sur un texte de Jean Racine, remanié par son fils Louis. Le tout étant de redescendre sur terre en beauté, les ultimes souffles — pour ce concert, bien sûr — ont été émis par les jeunes élèves de la classe de flûtes de l’Ecole Municipale de Musique et de Danse de Bezons , avec Les poulettes, œuvre de Vincent Bonzom, dont on picorera sur YouTube la version piano. Rendez-vous le 17 octobre 2024 pour une participation du Choeur à l’hommage qui sera de nouveau rendu à Jean-Jacques au Panthéon sur le thème « Rousseau et l’amour » —tout un programme. Christine ESCHENBRENNER, fin septembre 2024. CARNET DU CHŒUR : Un bel anniversaire partagé
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